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françois bousquet - Page 27

  • Biopolitique du Coronavirus...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un essai polémique de François Bousquet intitulé Biopolitique du Coronavirus - Télétravail, famille, patrie. Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020).

    C'est drôle, incisif, talentueux. Bref, c'est du Bousquet ! Une lecture hautement conseillée, donc...

     

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    " Télétravail, famille, patrie ! Le coronavirus marquerait-il la revanche posthume du pétainisme ? Tous assignés à résidence. Tel est le pari de ce livre, qui réunit une série de papiers d’abord parus sur le site d’Éléments, une sorte de feuilleton de la pandémie, avec pour ambition de déboucher sur des propositions concrètes. L’idée de départ, c’était de décloisonner les disciplines, mais en butinant. Internet l’autorise. L’écriture est moins prisonnière des conventions dans lesquelles le papier nous enferme parfois. C’est un format plus souple, où peuvent se mêler des registres plus légers, un peu de Tontons flingueurs, un peu de rock’n’roll. Une sorte de grand écart entre le maréchal Pétain et Michel Foucault, théoricien de la biopolitique. "

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  • Le retour boomerang de la race !...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°185, août 2020 - septembre 2020) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à nos ancêtres, les Gaulois réfractaires, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec le psychiatre Jean-Pierre Lebrun, les historiens Patrick Gueniffey et Pierre Ducrey, les céliniens Pascal Ifri et Marc Laudelout et l'académicien Marc Fumaroli ainsi que les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Ludovic Maubreuil, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, de Slobodan Despot et de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

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    Au sommaire :

    Éditorial

    Dictature ? par Alain de Benoist

    L’entretien

    Jean-Pierre Lebrun : la fin de la « loi du père ». Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches

    Paris avant liquidation, par Olivier François

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Cinéma : l’homme blanc, nouvel ennemi public n° 1, par Ludovic Maubreuil

    Carnet géopolitique : la fabrique d’une nation, par Hervé Juvin

    Champs de bataille : à Rastatt, sur la rive droite (II), par Laurent Schang

    L’hardiste, par Bruno Lafourcade

    Économie, par Guillaume Travers

    Bestiaire : comme un flamant parmi la foule, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    La race über alles : un retour inattendu, par Pierre Bérard

    Privilège blanc. Et si on lisait les penseurs décoloniaux, par Éric Maulin

    Entretien avec Patrice Gueniffey : dans la tête des déboulonneurs de statue, propos recueillis par Marie Chancel

    Le capitalisme au secours de Black Lives Matter, par Marie Chancel

    Zeev Sternhell, l’historien qui « marchait la tête en bas », par David L’Épée

    Le coronavirus et les morts-vivants, par David L’Épée

    Pourquoi il faut lire Thomas Clavel, par François Bousquet

    Porte-conteneurs : les sans-papiers milliardaires de la mondialisation, par Guillaume Travers

    Miyamoto Musashi, entre bushidô japonais et chevalerie française, par Laurent Schang

    Doit-on encore lire Saint-Loup si l’on veut grimper la face nord de l’Eiger ? Un débat entre Anne-Laure Blanc et Bruno Favrit

    Renouveau païen : comment les Lituaniens font revivre l’ancienne foi, par John Lambla

    Le sépulcre de Lucette Destouches, épouse de Céline, par Arthur Pauly

    Marc Laudelout et Pascal Ifri : les pamphlets de Céline au pilori, propos recueillis par Émeric Cian-Grangé

    Alain de Benoist, lecteur de Céline : « La liberté d’expression ne se partage pas », propos recueillis par François Bousquet

    Lettre à Émeric Cian-Grangé : d’un pamphlet l’autre, par Michel Marmin

    Pierre Ducrey : la Grèce à l’origine du modèle occidental de la guerre ? Propos recueillis par Laurent Schang

    Le plus grand musée érotique du monde : visite avec Michel Froidevaux, propos recueillis par David L’Épée

    Portrait de Jean Montaldo, l’anti-Edwy Plenel, par Pascal Eysseric

    Dossier

    Nos ancêtres les Gaulois réfractaires

    Pour une contre-histoire de l’esprit français, par François Bousquet

    Voltaire et le french bashing, une invention française, par François Bousquet

    Marc Fumaroli : « Le français est le latin des Modernes », propos recueillis par François Bousquet

    Molière : « La plus claire expression du génie de notre race », par François Bousquet

    Une, mais invisible : pour une France plurielle, par François Bousquet

    Au pays des exceptions : sous l’uniforme, le multiforme, par François Bousquet

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : Coronavirus, le bol de lait de chèvre de ma grand-mère, par Slobodan Despot

    Un païen dans l’Église : combattre la Tarasque à Montmajour, par Bernard Rio

    L’anti-manuel de philosophie : un bac sans philo, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : la Vénétie, sur la pointe des pieds,  par Anne-Laure Blanc

    C’était dans Éléments : éloge de Jacques Lacan, par Rémi Soulié

    Éphémérides

     

     

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  • Bernard Lugan au banquet des Soudards !...

    A l'occasion de la sortie du truculent Banquet des Soudards, aux éditions de la Nouvelle Librairie, François Bousquet pour la revue Éléments s'entretient avec son auteur Bernard Lugan, pour présenter cet "objet imprimé non identifié" qui ne laissera pas indifférent les ligues de vertu !

     

                                        

    " Ce sont des soudards. Des surhommes qui ne se sont jamais agenouillés. Qui ne se sont jamais excusés. Qui ne se sont jamais soumis. Ni repentance, ni pénitence. Assumer son destin jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Bernard Lugan fait les présentations. "

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (48)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Le numéro 184 (juin-juillet) d’Éléments est en kiosque depuis un dizaine de jours. Ci-dessous sa couverture et son très riche sommaire :

     
    François Bousquet dans la peau de Virginie Despentes : « Je suis une bourgeoise blanche de gauche privilégiée ». L’auteur de Baise-moi s’était exprimée dans une lettre rendue publique sur les ondes de France Inter où elle disait son attachement à la lutte contre les discriminations et sa compassion pour ses victimes issues de l'immigration. Cette apostrophe était intitulée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème :
     
    Deux brèves interviewes d’Alain de Benoist. Dans la première il s’interroge sur l’avenir du catholicisme et se demande si la déchristianisation des la France ne risque pas de faire apparaitre le catholicisme comme une religion de classe. Dans la seconde il montre que ceux qui s’affirment « gaullistes » aujourd’hui ont trahi depuis longtemps l’héritage du général : 
     
     
     
    Christopher Gérard dans une brève critique salue la parution toute récente du petit livre de Jean-François Gautier, A propos des Dieux (éditions Nouvelle Librairie), une apologie intelligente et cultivée des spiritualités polythéistes :
     
     
    Excellent numéro  d'I-Média de Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure, l'émission hebdomadaire de Télé-Libertés. Sont abordés essentiellement  les sujets ayant trait aux manifestations et émeutes raciales aux États Unis et en France. L’émission s’emploie à rétablir des vérités occultées par les « journalistes » de propagande :
     
     
    L’OJIM dans un article incisif analyse la comédie victimaire  à laquelle se livre la presse de grand chemin à propos de la mort d’un Afro-américain à Minneapolis et de l’affaire Traoré, remise sur le tapis à cette occasion. il montre que l’opération s’est révélée un succès pour les militants d’extrême gauche, décoloniaux et indigénistes dont la mouvance a gagné en ampleur en usant à l’égard des forces de l’ordre de la technique du renversement accusatoire. Hier ils criaient pas d’amalgame ! Aujourd’hui ils y recourent sans complexe. Assa Traorè, soeur d’Adama et animatrice du comité « La vérité pour Adama », le reconnait elle-même « ça nous dépasse et c’est ce qu’on veut » :
     
     
    « N’importons pas, en France, la question raciale américaine !» proclame, martial, l’ancien député Les Républicains Christian Vanneste ( sur Boulevard Voltaire du 5 juin). Sa cécité l’aveugle comme dirait l’autre car c’est fait depuis longtemps. Ce pompier pyromane occulte également un autre élément massif : les majorités de droite auxquelles il a appartenu ont sanctifié durant des décennies, contre le voeu des populations autochtones, l’importation de millions d’immigrés extra-européens dans l’hexagone créant ainsi la masse de manœuvre nécessaire pour que ce problème, contre lequel il voudrait nous prémunir, éclate à la face de ses promoteurs.
     
     
    L’implacable démonstration du journaliste Nicolas Faure sur le site Polémia : non, les Noirs américains tués par la police ne sont pas victime du « racisme systémique » qui régnerait aux Etats Unis contrairement à ce qu’affirme une propagande insistante :
     
     
    Reprenant les 10 arguments les plus souvent employés par les immigrationnistes pour justifier leur cause, le site « Je Réinforme » propose de dénoncer cet argumentaire, preuves à l’appui :
     
     
    Louis de Raguenel dénonce la maffia Traoré qui depuis la mort accidentelle d’Adama Traoré ne cesse d’accuser les gendarmes. Le rédacteur en chef de Valeurs Actuelles met à mal cette version des faits et dénonce une véritable entreprise d'intoxication qui, avec le soutient d’une partie des médias mainstream pousse des milliers de gens à manifester. Dénonçant la thèse boiteuse du clan Traoré il y voit se manifester l’ambition de l’extrême-gauche indigéniste et décoloniale :
     
    Ci-joint le palmarès judiciaire (édifiant !) de la très nombreuse famille d’Adama Traoré. Un clan qui ne semblerait vivre que de trafics, de deals et d’extorsions :
     
    Grégory Roose dénonce les occultations de l’information concernant George Floyd. Une presse pourtant adepte de fact-checking, qui travaille uniquement dans le sens de l’émotionnel, et fournissant ainsi la matière de la haine contre l’homme blanc qui serait assuré de ses « privilèges ». Un certain anti-racisme ou prétendu tel a ouvert la voie à un racisme aussi décomplexé qu’il est autorisé. Et ceux qui refusent de céder à cette nouvelle grille de lecture objectivement « raciste » sont les premiers que l’on stigmatisera :
     
     
    Dans un article du Point traduit de l’Américain par Peggy Sastre en 2018 William Ray montre que le concept de « privilège blanc » qui fait maintenant son introduction en France souffre de biais fondamentaux. Peggy McIntosh son inventrice, issue de la grande bourgeoisie de la cote est et donc gosse de riches, confond manifestement dans son article fondateur de 1989 les réels privilèges financiers dont elle a pu jouir avec ceux, imaginaires, de sa « race ». En les étendant à l’ensemble d’une population qui se trouve ainsi essentialisée par les passe-droits dont elle bénéficierait. Ayant infusé à peu près partout le concept de « privilège blanc » a largement contribué à détourner les consciences, surtout chez les « racisés-dominés »  de la fracture économique qui va, elle, s’accélérant sans provoquer les troubles sociaux que l’on voit s’étaler aux États Unis. Il est significatif qu’en France même le ralliement de la gauche à ce concept biaisé qui vise à occulter des inégalités criantes sur le plan économique au profit d’inégalités raciales largement fantasmées. Cela va de pair avec son abandon des classes populaires autochtones et cela ratifie la trahison de la vocation qui l’avait fait naître :
     
     
    Julien Rochedy parle éloquemment du pseudo « privilège blanc ».
     
     
    Mathieu Bock-Côté parle du dispositif politico-médiatique profondément inhibiteur qui s’est mis en place au nom de l’antiracisme mais dont la véritable vocation consiste à instruire le procès de la nation tandis que ses défenseurs étaient au pire nazifiés, au mieux refoulés dans les marges et conduits au silence :
     
     
    Zoom de TVL avec Bruno Gollnisch. Celui-ci y fait la liste, toujours plus longue, des lois liberticides qui étranglent les capacités d’expression des Français depuis la loi Pleven jusqu’à la loi Avia. À ce propos il ne mâches pas ses mots sur les fake news d’État, prenant en exemple les États Unis :
     
    Marcel Gauchet dresse un bilan plutôt catastrophique de l’état de la France. Délabrement de l’État et désarticulation du système de décision politique, rendue visible pendant la crise du Covid-19. Il met principalement en cause l’universalisme des élites qui se vivent comme « citoyennes du monde »  :
     
     
    « Bâtir quand tout s’effondre ». L'engagement qui est au coeur de l’université d’été d’Academia Christiana, qui chaque année réunit pas moins 300 jeunes gens et jeunes filles. 
    Interview de Victor Aubert l’un des animateurs. On suivra par ailleurs l’une des conférences de l’édition de 2019 donnée par Arnaud de Robert  sur le thème  « effondrement du système, mythe incapacitant ou réalité dynamique » auquel il répond par ce qu’il appelle un stoïcisme joyeux :
     
    Conférence de Paul-François Paoli : « Quand la gauche agonise» (Cercle Aristote). Enregistrée le 1 février 2016. Un état des lieux qui pour la gauche s’est notablement aggravé depuis :
     
    Un texte de Xavier Eman : « Que l'on dénonce les violences policières me paraît non seulement légitime mais indispensable. Mais ce qui me fascine chez les "antifas" c'est qu'il faut que la victime soit "non-blanche" pour que ces violences aient vraiment un sens, de l'importance et de l'intérêt... Porter aussi loin le dédain des siens et la haine de soi dépasse le cadre politique pour se perdre dans les méandres psychanalytiques... Si l'extrême-droite a pu malheureusement être parfois le "bras armé" du capital, les "antifas" sont en train de devenir la milice auxiliaire de toutes les "minorités ethniques", poussant à une "guerre raciale" contre leur propre sang, une folie dont il subiront d'ailleurs - comme tous les exaltés coupeurs de têtes - les conséquences à leur tour… ».
    Xavier Eman armé d’un humour pince-sans-rire nous compte les aventures rocambolesque de Moussa, militant de la cause noire et pied-nickelé notoire :
     
    L’OJIM trace le portrait d’Abel Mestre journaliste au Monde où il fut spécialisé dans « l’extrême droite », un concept qu’il n’a jamais défini et dont il a tendance à élargir le spectre comme tout bon trotskiste qui se respecte. Un spécialiste de constitution de fiches. Inculte et prétentieux. Bref, un militant de « la République métissée » doublé d’un parfait inquisiteur :
     
     
    Michel Onfray règle ses comptes avec le journal Le Monde. Un véritable festival ! :
     
     
    Une vidéo de Greg Toussaint. Un noir qui ne mâche pas ses mots sur la bien-pensance :
     
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  • Au bon plaisir de l’immigration...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré au joyeux confinement des banlieues de l'immigration, bien différent de celui réservé aux citoyens lambdas ! Attention la bouteille de vitriol est ouverte !

    Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019). 

     

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    Biopolitique du coronavirus (13). Au bon plaisir de l’immigration : nique ta mère et rodéos sauvages

    Le confinement au faciès aura été la règle du gouvernement. Nous, citoyens de seconde classe, quand on voulait sortir, il nous fallait des autorisations, des attestations, des ausweis, des coups de tampon, des « Oui, Monsieur le gendarme, 135 euros, oui très bien… Que je ferme ma gueule, mais je la ferme, Monsieur l’agent. Je vous tends même mon cul. Oui, oui, oui, glissez-y le procès-verbal ! » Et de retour à la maison, il fallait se taper un autre gendarme, celui de Saint-Tropez, faute de pouvoir s’y rendre, héros colorisé de la France pompidolienne. Arrêtez d’emmerder les Français ! Ouais, ouais ! On n’a fait que ça un mois et demi durant.

    Il faut dire que les chaînes de télévision et Christophe Castaner ont sorti le grand jeu. Louis de Funès en antidépresseur national et une noria d’hélicoptères lancés dans des courses-poursuites haletantes pour traquer de redoutables vététistes isolés dans le massif vosgien ou débusquer de dangereux réfractaires randonnant en forêt de Fontainebleau. C’est la guerre, hein ! Emmanuel Macron l’a répété, pendant que les postes de télévision et les drones au-dessus des villes crachaient des « Restez chez vous ».

    Malheur aux contrevenants ! C’est à peine si la place Beauvau n’a pas dépêché un commando du RAID pour appréhender Madame Dugenou lorsqu’il est apparu que, distraite, elle avait griffonné son attestation de déplacement au crayon à papier, pas à l’encre indélébile. Non, c’est pas vrai !? Et Monsieur Duchmol ? Mis à l’amende pour avoir eu l’outrecuidance d’outrepasser de 500 mètres son périmètre de confinement pédestre. Et Madame Michu, qui, dans sa légèreté criminelle, a osé se procurer un bien non référencé dans la liste des produits de première nécessité, je veux parler du gâteau d’anniversaire qu’elle a acheté pour sa petite Michette. Verbalisée ! Comme Monsieur Tartempion, gonflé d’importance, réconforté de se savoir toujours un homme, au sens biblique du terme, interpellé pour l’achat d’un test de grossesse destiné à Madame Tartempion. Pas vital ! Non mais allô quoi ! Si la grossesse n’est pas vitale, qu’est-ce qui peut bien l’être ?

    Castaner, « con comme un âne »

    Résultat des courses : Castaner a pu triomphalement annoncer le 23 avril que 915 000 procès verbaux pour non-respect de confinement avaient été dressés. Ouah ! Depuis, on a dû allègrement dépasser le million. Belle moisson !

    Ah Christophe Castaner, premier policier de France, sous-Clemenceau de sous-préfecture, le « kéké de la République », comme l’ont appelé Pauline Théveniaud et Jérémy Marot dans leur livre. Kéké, en provençal : un « crâneur ». L’inusable matamore du répertoire de la commedia dell’arte, mais recyclé en gigolo de casino exhibant une barbe tondue à ras comme un green de golf, le caddy devenue cador, avec sa voix de bellâtre pendue dans les graves et ses intonations martiales de joueur de castagnettes qui donnent des étourdissements aux majorettes d’Ollioules, dans le Var, où il est né. Les témoignages des proches sont concordants – et accablants : le type est odieux, pleurnichard, hypernarcissique. Faux dur et vrai con (« comme un âne », dit même son frère aîné).

    L’Intifada en Vespa

    Du haut de ces qualités qui font de nos jours l’homme d’État, Castaner nous a expliqué que, depuis l’adoption en 2018 de la loi réprimant les rodéos sauvages à moto, plus de 39 000 interpellations avaient eu lieu. Tu parles. On n’a rien vu de tel durant le confinement, sinon une application à géométrie variable de la loi. En banlieue, c’était ville ouverte. Des matches de foot géants le matin, des rodéos sauvages l’après-midi, des cocktails Molotov et des méchouis de bagnoles le soir. Mais pas d’interpellations ! Ça non, jamais ! La police de Castaner les réservait à Madame Dugenou et à Monsieur Duchmol. Pas à Ziyad, Yanis, Mehdi, Mamadou, Diallo, Sissoko, Wesley et autres sympathiques Presnel. Pas de couvre-feu ici – c’eût été discriminatoire –, rien que des incendies de voiture. Pas de masques, encore moins de casques. Pas d’applaudissements non plus le soir en famille au balcon. Le tapage nocturne se faisait dans la rue, aux pieds des barres d’immeuble, entre l’appel de la prière et l’appel au jet de pierre. L’islam spaghetti, le halal motocross, l’Intifada en Vespa. Le rodéo spaghettiquement correct, quoi ! Ne soyons pas injuste : l’évangélisme gangsta rap faisait lui aussi ses prières de rue à moto.

    Bling-bling et vroum-vroum

    Faute de l’habituel trafic de drogue, en cale sèche, confinement des clients oblige, l’économie souterraine s’est repliée sur le vol des scooters, une activité moins lucrative mais autrement festive. Ce commerce a alimenté un feuilleton dans le feuilleton de la gestion gouvernementale du Covid : les rodéos sauvages, une coproduction police-justice-caïds. À chaque jour son épisode, comme dans Fast and furious, déjà huit navets au compteur, en attendant le suivant programmé l’an prochain. Une nouveauté néanmoins que les scénaristes de Fast and furious et de Taxi avaient négligée faute de budget : du « kéké » isolé, on est passé à la bande organisée de 30 à 40 individus sillonnant les ronds-points et les centres-villes, jusqu’aux autoroutes. Foin de code de la route et de distanciation sociale. Le but du jeu consistait à percuter des jeunes filles, à rouler sur des policiers, à renverser des mères de famille, à rendre fou le voisinage, à lyncher des pères de famille – et à tuer (trop souvent) ou à se tuer (pas assez souvent). Après quoi, il est toujours temps de parler de bavure policière.

    Tous ces gugusses à deux-roues rêvent d’un destin à la Tony Montana – du moins était-ce le cas de leurs aînés (ma génération) –, le grotesque balafré cubain, interprété par Al Pacino dans Scarface (1983). Le monde est à eux « et tout ce qu’il y a dedans ». Ils sont installés dans le brigandage mimétique comme d’autres sont installés dans le luxe ostentatoire. Ce sont des parvenus de l’espèce vautour dont les modes de vie relèvent du charognage, de la psychologie des foules et des bancs de sardines. Ils ne se révoltent pas, ils niquent. Ta race. Ta mère. Ta misère. En chœur.

    Motherfucking, ta race !

    Motherfucker, sisterfucker. Le motherfucking est universel. On en trouve trace en Chine ancienne, en Arabie, au Mexique, en Russie, en Afrique, en Europe. Insulter sa mère reste le meilleur moyen de gagner le paradis des voyous qui n’est jamais que l’enfer des honnêtes gens. Une pratique ancestrale dont la généalogie se perd dans la nuit des temps. Chez nous, l’injure « FDP » remonterait à Louis le Pieux, au IXe siècle, et aux premières naissances extraconjugales répertoriées dans les chroniques. En ce temps-là, on parlait de bâtardise, laquelle passera à l’état de juron. Mais tout cela n’est rien à côté de la littérature arabe et perse médiévale, trésor de scatologie, mais du moins alors était-ce des poètes qui injuriaient des rois et des rois qui molestaient des poètes.

    Aujourd’hui ce sont des analphabètes qui donnent le la. Raison pour laquelle notre « nique ta mère » labellisé par le rap canal historique sort plus prosaïquement des caves du Bronx, dans les années 1970, où les joutes verbales – qui peuvent s’appuyer, elles, sur une longue tradition populaire – étaient un des sports favoris des Noirs déclassés, le « Yo, mama » épigrammatique et ordurier. La culture du ghetto, popularisée par le hip-hop, est devenue mainstream. Rien de nouveau sous le soleil de la domination : le mâle dominant c’est celui qui, toutes époques confondues, sait vanner et tataner.

    Du Bronx à la nécropole royale du « 9-3 »

    Si les journalistes connaissaient les banlieues autrement qu’à travers les concerts de NTM ou les tweets de Booba, ils oublieraient leurs illusions pour n’en conserver qu’une musique lancinante qui leur serrerait le cœur comme le souvenir d’une défaite humiliante. Rien de plus édifiant qu’un séjour dans le « neuf-trois », terminus de toutes les migrations, tombe des rois de France et cimetière des mythes républicains. Notre Paris-Dakar à nous, même s’il n’emprunte pas les mêmes chemins que le rallye-raid.

    On n’y entre vraiment de plain-pied, Val-d’Oise inclus, que par les trains de la gare du Nord, en enfilant ces longs corridors sinistres que sont les voies ferrées de la région parisienne, couvertes d’inscriptions pariétales indéchiffrables et de graffitis agressifs comme des pitbulls déchaînés prêts à sauter à la gorge du voyageur. Saint-Denis, Stains, Aulnay-sous-Bois, Sarcelles, Montfermeil, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, Garges-les-Gonesse, autant de stations d’un enfer fluorescent.

    Gare du Nord, villes du Sud

    Le tri sélectif se fait à la gare du Nord entre les voyageurs grandes lignes et les trains de banlieues. Deux populations, que tout sépare, se croisent, parmi quelques chiens policiers et des vagabonds qu’on finit par ne plus voir, avant-garde minable de conquérants pouilleux. La France d’ailleurs, celle des touristes anglais et des immigrés subsahariens. C’est bien le vivier de l’équipe de France de football. « Black-black-black », comme dirait Alain Finkielkraut. Il y a là des Maghrébins, des Turcs, des Afghans, autant dire le monde entier, mais globalement ce sont les Noirs qui dominent, derniers vestiges de notre empire colonial.

    S’enfoncer dans la banlieue, c’est s’éloigner des rêveries angéliques des bobos, du misérabilisme des sociologues de la ville, de la farce antiraciste vendue par les médias centraux. Pour comprendre l’écart qui sépare l’idéologie de la réalité, il suffit de sillonner une fois ces avenues Lénine, ces quartiers Paul-Vaillant Couturier, ces places Romain Rolland qui alternent leurs rangées de logements sociaux à l’alignement géométrique, délabrés ou rénovés, et leurs zones de non-droit, où l’on a transporté avec soi son Anatolie natale ou son Afrique, où l’on parle wolof, tamoul, arabe surtout, comme si les politiques d’arabisation avaient traversé la Méditerranée avec leurs locuteurs. Au rythme où vont les choses, l’arabe sera bientôt la deuxième langue de l’administration. En Seine-Saint-Denis, il l’est déjà dans les hôpitaux, où on travaille à la mise au point de logiciels d’accueil des patients dans la langue d’Abdelaziz Bouteflika. Si-si, mon bon sidi !

    L’alliance des traders et des dealers

    Tout marche par paire. La dialectique, que voulez-vous ! L’État de droit à Paris et les zones de non-droit dans les banlieues. Partout, le laissez-faire, le laissez-passer, le laissez-circuler, à l’Élysée comme à La Courneuve, où on se dispute deux monopoles : celui de la violence légitime et celui de la violence illégitime. Karl Marx a tout dit sur le sujet : l’alliance du lumpenprolétariat (le « prolétariat en haillons » en allemand) et de la haute banque – les voyous d’en bas et les voyous d’en haut, les dealers et les traders. Les uns font des rodéos sauvages, les autres, comme Jean-Jacques Bourdin, sont flashés à près de 190 km. Ibidem. Rien de tel que la photo bras dessus, bras dessous de Macron et d’un ex-braqueur torse nu à Saint-Martin, dans les Antilles, en 2018, pour illustrer cette alliance à front renversé. Et ne nous méprenons pas sur le sens du doigt d’honneur adressé par le voyou. Motherfucking : c’est à nous qu’il était destiné.

    « Europe Mad Max », selon les mots de Bernard Wicht, spécialiste des questions de sécurité. Elle n’est pour l’heure visible que dans ces enclaves de non-droit. On en dénombre à peu près 1 500 en France, soit quasiment 10 % de la population. Un tiers d’entre elles sont d’ores et déjà hors de contrôle, au dire de Michel Aubouin, ancien préfet. C’est le résultat du regroupement familial et de la guerre des ventres qu’il a enclenchée. Non pas un Blitzkrieg, mais une nouvelle guerre de Cent Ans, trois à quatre générations, le temps qu’il faudra pour grand-remplacer la population indigène.

    La charia de la caillera

    « Désormais, les frontières de l’État passent à l’intérieur des villes », avait prédit un ancien maire de Philadelphie, il y a un demi-siècle, après plusieurs nuits d’émeute raciale dans sa ville. Il suffit parfois de traverser la rue pour se retrouver au milieu de la Zone, parmi des zombies. Ils ont choisi de transformer leur monde en prison, où, derrière des barreaux invisibles, ils cultivent leur rage comme une plante vénéneuse dans un monde qui n’est plus régi que par des règles carcérales : la violence et la solidarité clanique propres au lumpenprolétariat. Or, il se trouve que cette voyoucratie s’est adossée à une force pluriséculaire, le Coran, pour inventer quelque chose de nouveau : l’islam d’Occident, qui est un islam de prison – la charia de la caillera. On s’aveugle cependant à ne voir dans ce phénomène que l’implantation d’une Dar al-Islam de plus, comme le voudraient les « néo-cons » qui ne rêvent que d’importer en France le conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas seulement cela qui est en jeu, c’est aussi la constitution d’une terre de démons qui, en tant que telle, récuse les règles de l’islam (quand bien même ces règles ne sont pas les nôtres, ce sont des règles).

    L’ensauvagement, qu’on convoque à tort et à travers, appelle les mêmes réserves. N’oublions pas que le sauvage est beau, splendide, indomptable, il a sa propre existence, parallèle à celle du civilisé. L’ensauvagement n’est qu’une commodité langagière. De la même manière que nous parlons d’illettrisme, il faudrait plutôt parler d’un processus de déshumanisation ou, pour le dire crûment, de dédomestiquation. Regardez-les bien, ces jeunes gens, ils ressemblent à des meutes de chiens abandonnés, retournés à la lisière du sauvage et du civilisé, pareils aux chiens parias en Inde, à qui les Hindous appliquent leur propre système de castes. Il y a des chiens hors castes, des chiens intouchables, des chiens « tchândâla », comme eût pu dire l’auteur du Zarathoustra. On est d’ailleurs au cœur de la fabrique du ressentiment.

    Nietzsche, René Girard et Dostoïevski

    La sociologie n’est ici d’aucun secours. Mieux vaut lire les textes de Nietzsche sur le ressentiment, la grande passion des ratés. L’homme du ressentiment, c’est l’homme mal né, en proie à une haine intransitive, totale, hors de propos, même si elle est porteuse d’une vengeance séculaire dopée par les échecs répétés de l’islam et de la colonisation.

    La vraie souffrance, c’est la comparaison. De la comparaison, naît la haine – d’autant plus tenace que la source de la comparaison fait l’objet d’un intense désir d’imitation. Le ressentiment étant ainsi fait qu’il désire ce qu’il déteste et déteste ce qu’il désire. C’est autour de cet écheveau d’injonctions contradictoires que s’articule la rivalité mimétique telle que René Girard l’a théorisée. Mais, sauf erreur, René Girard, qui a très largement élaboré sa thèse à partir des livres de Dostoïevski, ne s’est pas intéressé à un des plus grands romans du Russe, et des moins lus, L’Adolescent (1875), peut-être le plus girardien des textes dostoïevskiens. C’est l’histoire d’un jeune homme prisonnier de ses doubles, bâtard au statut indéterminé et précaire, fils illégitime d’un seigneur et de sa servante. Son rêve ? Être aussi riche, aussi fameux, qu’un Rothschild. « Je suis un misérable adolescent et j’ignore parfois ce qui est bien et ce qui est mal. Si vous m’aviez montré la route un tant soit peu, j’aurais compris, et je me serais engagé aussitôt dans le droit chemin », confie-t-il à son père naturel.

    L’Adolescent de Dostoïevski, c’est l’adolescent sans repère, enfermé dans un tunnel sans fin, sans point de fuite. Il ira toujours plus loin dans la provocation, jusqu’à ce qu’il rencontre une issue, une limite. Or, il n’y a plus de limite, sinon la mort brutale. À force de désertion, à force de démission, à force de dénégation, les adultes se retrouvent face à des fils à l’abandon qui défient une autorité fuyante, quand elle n’est pas vacante. Orphelins malheureux et agressifs, livrés au groupe, à la bande, à la relation violente, fusionnelle ou narcissique, prisonniers du souterrain, pour parler comme Dostoïevski, prophète incomparable en ces matières.

    « Les champignons d’une gigantesque et dégueulasse erreur »

    Il y a quelques années, le criminologue Xavier Raufer avait exhumé du Globo un entretien prodigieux donné par Marcola, le « leader suprême » du PCC, un des plus grands gangs du Brésil, véritable multinationale de la drogue, de son nom complet : le Premier commando de la capitale (Primeiro Comando da Capital). Marcola ? Une sorte de Lacenaire tropical mais pourvu du génie conjugué de Rimbaud et de Pasolini. Présentement, ce poète de la violence, parmi les plus grands assurément, purge une peine de 234 ans de prison à São Paulo. Au journaliste qui lui demandait s’il y avait une solution au problème de la violence, voici ce qu’il répondait :

    « Une solution ? Mais il n’y a pas de solution, mon frère ! L’idée même d’une solution est une erreur. Nous sommes des hommes-bombes. Nous sommes au centre même de l’insoluble. Vous vous imaginez situés entre le bien et le mal, avec au milieu l’unique frontière : la mort. Nous, nous sommes une nouvelle espèce, nous sommes des créatures différentes de vous. Pour vous, la mort c’est un drame chrétien qui se joue dans un lit ou lors d’une attaque cardiaque. Pour nous, la mort c’est le pain quotidien, c’est la fosse commune. Vous, les intellectuels, vous nous parlez de luttes de classes, de marginalité, d’héroïsme. Et puis nous arrivons, nous. Ha ! Ha ! Ha ! Je lis beaucoup. J’ai lu 3 000 livres et j’ai lu Dante depuis que je suis en prison. Mes soldats à moi sont d’étranges anomalies du développement tordu de ce pays. Il n’y a plus de prolétaires, de malheureux, d’exploités. Il y a, en train de se développer dehors, une chose étrange qui prospère dans la boue, qui s’éduque dans l’analphabétisme le plus absolu, qui se diplôme dans les prisons, comme un monstre “Alien” caché dans les recoins de la ville. Déjà a surgi un nouveau langage. C’est une autre langue. Celle de la post-misère. Oui, c’est ça : la post-misère engendre une nouvelle culture assassine, relayée par la technique, les satellites, les portables, Internet, les armes modernes. C’est la merde avec chips et mégabits. Mes partisans sont une mutation de l’espèce sociale. Ce sont les champignons d’une gigantesque et dégueulasse erreur.

    « Vous croyez que l’armée serait capable de lutter contre le Primeiro Comando da Capital (PCC) ? Je lis en ce moment De la guerre de Clausewitz. Il n’y a aucune perspective de succès contre nous. Pour en finir avec nous, il faudrait rien moins que larguer une bombe atomique sur les bidonvilles. Vous imaginez !

    « Vous devez faire l’autocritique de votre propre incompétence. Mais soyons francs, sérieusement : quelle est la morale de tout ça ? Nous sommes au milieu de l’insoluble. Seulement nous, nous en vivons et vous, vous êtes dans l’impasse. Reste la merde. Or nous, nous savons travailler dans la merde. Écoute-moi bien, mon frère : il n’y a pas de solution. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne comprends rien à la dimension du problème. Comme l’a écrit le divin Dante : “Perdez toute espérance. Nous sommes tous en enfer !” »

    Sociologie de la misère, misère de la sociologie

    Quand elle ne voyage pas en classe affaires d’une capitale à l’autre, l’immigration est vouée à fabriquer du malheur social. Les racines sociologiques de ce malheur ne manquent pas : relégation sociale, pauvreté, etc. Elles ne suffisent cependant pas à justifier l’ampleur du désastre. Il y a des raisons plus inavouables. L’universalisme a échoué là où il devait échouer : la résistance des peuples. Il n’y a pas d’Homme majuscule, transposable d’un coin à l’autre du globe. Il n’y a que des Français, des Italiens, des Européens, des non-Européens. C’est le Savoyard Joseph de Maistre qui a raison contre le cosmopolitisme des Lumières. On a souvent comparé l’immigration à un phénomène de transfusion, pourquoi pas, mais encore faudrait-il que les donneurs soient compatibles.

    Il n’a échappé à personne qu’on ne s’attarde guère sur le coût comptable de l’immigration, un fantasme de l’extrême droite, n’est-ce pas ! Mais que dire alors des coûts cachés, à commencer par le plus important d’entre eux : le délitement du lien social ? Lisez la vaste enquête du professeur Robert Putnam, une personnalité au-dessus de tout soupçon au regard du politiquement correct, sommité d’Harvard à qui Obama n’a pas manqué de rendre hommage. Publiée sous le titre « E Pluribus Unum : Diversity and Community in the Twenty-First Century » (2007), forte d’un échantillon de 30 000 personnes, cette enquête révèle un tableau largement dépressionnaire sur les effets pervers de la diversité raciale. La cohésion sociale n’y résiste pas.

    La diversité raciale est antisociale

    Les travaux de Putnam gravitent autour de la notion de « capital social », envisagé dans une perspective individuelle et collective. Le capital social est une notion ancienne, à laquelle Pierre Bourdieu a donné une orientation univoque et grossière dans le sens d’un marxisme de sacristie. Loin des images pieuses de la sociologie bourdieusienne, Putnam définit le « capital social » comme l’ensemble des relations qui, au sein d’une société, relie les hommes entre eux sur la base d’une confiance réciproque et d’une adhésion à un ensemble de normes reconnues. Ce que le jargon journalistique appelle le « vivre ensemble » en résume assez bien l’état d’esprit.

    Or, que démontrent les travaux de Putnam ? Que la diversité raciale mine la confiance que les individus placent les uns dans les autres. Plus la diversité au sein d’une société est grande, moins règne la confiance, à telle enseigne qu’on peut affirmer sans se tromper que le niveau de confiance est inversement proportionnel à celui de diversité raciale. Non seulement la diversité sape la confiance entre les communautés, mais elle l’érode à l’intérieur desdites communautés. Bref, la diversité produit de l’anomie sociale, du chaos, de l’entropie. C’est une machine à séparer les hommes. Pas un domaine de la vie qui n’en soit affecté. On peut lui appliquer la théorie du ruissellement, mais ce qui circule ici, c’est l’amertume, la défiance, le ressentiment. On en vient à moins voter, à moins participer aux affaires publiques, à délaisser la vie associative, à oublier les œuvres de charité.

    L’enfer, c’est les autres

    Pour autant, Putnam exclut toute exacerbation des tensions raciales qui pourrait déboucher sur une guerre ethnique, la raison en étant que ce délitement du lien social est indifféremment inter-ethnique et intra-ethnique. Au final, la solidarité communautaire classique ne joue plus nulle part. Sur ce point, l’histoire contemporaine n’est pas avare de contre-exemples, mais qu’importe. Il y a plus d’un siècle et demi, le philosophe espagnol Donoso Cortès, dont Carl Schmitt faisait grand cas, décrivait ainsi la Babel moderne en cours d’édification : « une unité maudite, d’où ne sortira que l’unité de la confusion ». Le rêve d’abolir les frontières aboutit ainsi toujours à en créer de nouvelles. Celui d’abolir les races, à les exacerber. Celui de changer les hommes, à les anéantir. L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais c’est l’enfer. Pas le paradis.

    François Bousquet (Eléments, 2 juin 2020)

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  • Globésité, l’autre pandémie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré à la rencontre de deux pandémies, celle du coronavirus avec celle de l'obésité. Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019).

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    Biopolitique du coronavirus (11). Globésité, l’autre pandémie

    Les mauvaises langues disent que Dieu inventa les États-Unis pour se venger des Anglais. Le premier jour, il créa le Coca-Cola, le deuxième les triples hamburgers, le troisième les chicken nuggets, le quatrième les pop-corns, le cinquième les ice creams et le sixième les muffins au chocolat. Le septième jour, il vit que cela n’allait pas du tout et se retira dans un Ehpad pour un long sommeil digestif réparateur. L’Adam puritain d’outre-Atlantique se consola en se goinfrant toujours plus et en parcourant son nouveau domaine, les grands espaces américains assimilés à un nouvel Éden, mais taille XXL. C’est là que, flanqué de sa Daisy – une Ève castratrice à l’accent strident, mélange de mastication de chewing-gum, de gémissement sexuel et d’aboiement martial –, il découvrit la recette du fruit défendu : le mariage du sucré et du salé, qu’il cultiva dans des monocultures transgéniques à perte de vue. Le fruit défendu, le seul, le vrai, l’arbre de la connaissance ! Il mordit dedans à pleines dents. Genèse de l’obèse.

    Ce fruit défendu était lisse, brillant et parfaitement calibré, un peu comme la pomme empoisonnée que croque Blanche-Neige. Un vrai cocktail toxique, génétiquement modifié et bourré d’additifs chimiques. À homme artificiel, nourriture artificielle. La siliconisation de l’alimentation, nouveau chapitre de la diététique, commençait. L’obésité en sortit – la « globésité », stade ultime de la mondialisation : Homo adipus, dérivation monstrueuse de l’ancestrale souche européenne déchue.

    Au pays du « Bigness »

    Génie de l’Amérique, première nation à avoir expérimenté cette banalité de l’abondance. D’où la démocratisation de la grosseur. Georges Bernanos faisait observer que l’on reconnaît une civilisation au type d’homme qu’elle a formé – ou déformé. Il ne pensait pas spécialement au pays de Mickey. Il s’est pourtant produit là-bas quelque chose qui s’apparente à une mutation anthropologique.

    L’Amérique est depuis longtemps le pays des super-héros et des mutants, dimension centrale de sa psyché, passée sous silence par Tocqueville dans sa célèbre analyse De la démocratie en Amérique. Les hormones d’excroissance depuis le début. Ce qui s’y joue, ce n’est pas tant une expérience politique qu’une expérimentation génétique. Ou comment faire à partir des pèlerins du Mayflower (1620) des surhommes capables d’aller sur la Lune. Le problème aujourd’hui, c’est que les super-héros ne s’appellent plus Neil Armstrong ou Batman, mais Fat Man (« homme obèse ») et Maxi-Girl, en adéquation avec la dynamique du libéralisme sauvage, tant ils reflètent dans leur redondance démultipliée le mythe américain du gigantisme. Les gourous du marketing appellent cela le « Bigness ».

    Mort de satiété

    Objectif gavage. Chez les Romains, au temps de la décadence, on s’empiffrait à pleine bouche dans des orgies de chère, mais c’était dans la haute société. Comme disait Sénèque, « les Romains mangent pour vomir et vomissent pour manger ». La démocratie alimentaire nous a changé tout ça. L’orgie de masse est devenue la norme, elle a choisi son lieu d’élection : les fast-foods et la grande distribution. Supers, hypers et autres gigas ont tout homogénéisé. Aujourd’hui, c’est là que Pétrone situerait son Satyricon et Marco Ferreri sa Grande bouffe (1973) dans laquelle Mastroianni, Noiret et Picolli se livrent à un suicide gastronomique. Ferreri voulait mettre en scène la gloutonnerie de la société de consommation naissante. Mais il filmait encore une crise de foie chez un traiteur de luxe. Les hard-discounts l’ont mise à la portée de tous les ventres.

    L’obésité réclame un moraliste. Il faudrait un Gibbon pour lui consacrer une Histoire de la décadence culinaire et de la chute de l’Empire gastronomique d’Occident. Car il y a tout de même une folie sans précédent dans ce phénomène. Ce n’est pas seulement une pandémie, selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé, c’est une sorte de couronnement sucré et dérisoire de la longue histoire de l’évolution. Tout ça pour ça ! On a eu faim pendant des dizaines de milliers d’années. La lignée de notre cousin, l’Homme de Néandertal, qui maîtrisait pourtant la chaîne du froid, s’est même éteinte. Changement de régime et de perspective : désormais l’obésité sera plus meurtrière que les famines ; désormais les sept péchés capitaux, gourmandise incluse, seront les vertus du capital.

    Obésité morbide, les « 38-tonnes » de l’adiposité

    L’obésité nous fascine comme les femmes à barbe ou les corps à double tronc qu’on exhibait jadis dans les foires. Jusqu’à 500 kg, et plus parfois, chez les obèses extrêmes. À partir de 200 kg, on ne peut plus sortir de chez soi qu’au moyen d’une grue, après avoir percé le toit. À ce stade, l’obésité est dite morbide – mort du bide, diraient les lacaniens dont les jeux de mots n’ont jamais été très heureux. Les membres boudinés et les corps flasques ne sont plus parcourus que par le mouvement ondulatoire et sismique de la gélatine emprisonnée dans les bourrelets sous-cutanés. C’est l’histoire d’Elephant man à l’époque de sa reproductibilité technique, diététique et finalement diabétique.

    Nulle raillerie ici. Les obèses sont les victimes – plus malheureuses que consentantes (on va le voir) – de notre modèle de consommation. Comment leur en vouloir ? Ils ne font que reproduire notre boulimie pathologique. Consommer, consommer, jusqu’à en crever. Ainsi l’exige un monde saturé d’addictions et de toxicodépendances, aux drogues comme aux aliments. La marchandise a tout conquis, jusqu’aux corps qu’elle a métamorphosés. Les obèses ne sont que la version alimentaire de cette folie collective, miroir à peine déformé de ce que nous sommes devenus. L’accumulation de graisses n’étant que la traduction physiologique du processus d’accumulation du capital. Un pur phénomène de concentration, non plus de liquidités, mais de « lipidités ». Une bulle de plus. Qui éclatera. Telle est la signature du néolibéralisme.

    La forme de l’absence de forme

    L’obésité comme parabole de notre temps, qui se serait en quelque sorte cristallisé, métabolisé, devrait-on dire, dans ces corps hypertrophiés. Personne n’en a parlé avec autant d’exactitude et de prescience que Jean Baudrillard, dès 1983, dans Les stratégies fatales, qui décrivaient notre futur déjà advenu outre-Atlantique : la « difformité par excès de conformité » des volumes obèses, « leur oubli total de la séduction », eux qui « affichent quelque chose du système, de son inflation à vide ». Baudrillard rend inutile la lecture de science-fiction : on y est déjà. Son œuvre, c’est la bande-son de notre apocalypse virale, sa voix off suprêmement intelligente, à l’écriture blanche, déroulant le rapport d’autopsie de la société de consommation.

    Et l’art contemporain ? Il s’est lui aussi reconnu dans l’obésité, laquelle présente en outre l’avantage de faire pendant à son minimalisme anorexique (l’autre tentation de l’époque). De l’un à l’autre, c’est la même disparition du corps, la même prolifération des signes, la même abolition de l’anatomie. De l’un à l’autre, c’est le même choix de l’informe, du difforme et du conforme : les trois niveaux qui définissent la façon dont notre âge se représente son rapport à la Forme : la forme de l’absence de forme. Regardez les baudruches bouffies et grimées de Niki de Saint Phalle, les sculptures pondérales de Botero et ses toiles aérophagiques débordant du cadre, les Balloon Dogs métallisés de Jeff Koons. Les châteaux de l’art contemporain, ses installations, ses œuvres cylindriques, sont des structures obésiformes et gonflables. Pschitt !

    La splendeur perdue du ventre

    Rien à voir avec les anatomies massives d’autrefois dont la prodigalité promettait de conjurer disettes et famines. Ronds, pleins de bonhomie, les gros avançaient triomphants. C’était le progrès. Il durera jusqu’aux Scènes de la vie parisienne de Balzac, jusque dans la physionomie de Dumas père, de Daudet fils, de Henri Béraud. Pour moi, enfant, c’était la gloire de mon père. Et que dire des ogres de contes pour enfants ? Ah, ces bons ogres. Notre dernier spécimen, c’est Depardieu, qui a hérité de l’appétit d’Obélix, du coup de fourchette de Pantagruel et du tube digestif de Gargantua. Splendeur du ventre. Depardieu nous vient tout droit de l’âge d’or de l’opulence, au temps du « glouton médiéval », des scènes villageoises de Brueghel, de la sanguinité tonitruante de Falstaff, la chopine à la bouche, la saucisse à la main, qui paradait dans les tavernes anglaises.

    À travers tous ces personnages, on célébrait la munificence des gros et les festins de la table. Les derniers feux de ce monde brilleront avec Rabelais. Après, ce ne sera plus qu’un lent effondrement des graisses, comme dans La Chute des damnés de Rubens. Georges Vigarello a retracé les grandes étapes de cette déchéance dans Les métamorphoses du gras (2010). C’est à la Renaissance que l’horizon culturel des gros s’est assombri. On va leur reprocher leur indolence. L’embonpoint commence à être flétri. Et si la tradition populaire continue de rattacher les corps généreux à la bonne santé, les médecins, en revanche, contraignent déjà leurs riches patients à la « diète maigre ». Dès le Grand Siècle, les coquettes et les précieuses s’adonnent aux régimes et autres pratiques de compression du bassin : corsets, ceintures et toute la gamme des outils de torture. Si le prestige social des gros demeure, on associe de plus en plus souvent leurs formes à une critique des nantis. Le ventre des bourgeois résistera un temps, pas celui de leurs épouses, qui fondra comme neige au soleil, du moins sur les couvertures des magazines.

    La suite de l’histoire est connue : l’anorexie comme modèle esthétique et l’obésité comme réalité sociale. Les riches sont devenus maigres et les pauvres énormes. Daumier y perdrait son coup de crayon. Depuis, on oscille entre les régimes minceurs des « people » et les menus super size du peuple, la diététique et les lipides, Laurel bourgeois et Hardy plébéien.

    La Terre en surcharge pondérale

    La Terre, de sphérique, est devenue obèse. L’obésité a presque triplé depuis 1975. Deux milliards d’adultes en surpoids, plus de 650 millions obèses. En 40 ans, les cas d’obésité chez l’enfant et l’adolescent ont été multipliés par dix. En 2030, on comptera 250 millions d’enfants obèses. Deux adultes sur cinq sont déjà obèses aux États-Unis. Le Mexique est en passe de dépasser son voisin depuis l’adoption de l’Accord de libre-échange nord-américain en 1993.

    L’obésité demeure le meilleur article d’exportation états-unien, le seul qui pèse dans sa balance des paiements. Serait-elle l’avenir de l’homme ? Qui a vu WALL-E des studios Pixar, produit par Walt Disney, n’en doute pas. C’est un petit bijou d’animation, qui certes en fait un peu trop dans l’écologiquement correct, ce qui ne gâche pourtant rien à sa réussite. On y voit une population américaine uniformément obèse, peinant à se déplacer autrement qu’en chaise roulante. Début du XXIIe siècle, la Terre est devenue inhabitable et l’humanité pachydermique, nos lointains descendants se sont réfugiés dans l’espace où ils vivent sous la coupe d’un consortium économique, Buy’n’Large, parodie transparente de Walmart, la plus importante chaîne de grande distribution au monde, accessoirement premier employeur états-unien.

    Pandemia chez les ploucs

    L’obésité trouve un début d’explication dans la sédentarisation des modes de vie, l’inaction assistée et la suralimentation. Oublions la génétique, elle ne compte pas pour grand chose, sauf à croire que le gène de l’obésité a été parachuté au Texas il y a cinquante ans, un peu comme la bouteille de Coca-Cola au Botswana dans Les Dieux sont tombés sur la tête (1980). Les États-Unis ont fait coïncider l’urbanisation verticale (le monde des affaires) et l’urbanisation horizontale (la méga-banlieue pavillonnaire), autrement dit : les ascenseurs et les voitures. Monde dans lequel il n’est plus nécessaire de se déplacer à pied. Les trottoirs ont d’ailleurs disparu dans quantité d’endroits. Comme les fruits et légumes. Comme les magasins d’alimentation.

    Il y a outre-Atlantique – et ailleurs – une géographie de l’obésité, du moins si l’on s’en tient à la carte des « déserts alimentaires » que publie le gouvernement américain. Elle englobe les familles à bas revenus, sans véhicule, ni magasins alimentaires accessibles dans un rayon de deux kilomètres. Parler de « déserts alimentaires » a de quoi surprendre : on est en Amérique, que diable, pas au Darfour. C’est bien le problème. Des millions d’enfants vivent dans ces zones, se nourrissant exclusivement de chips, de sucreries et de sodas. Le tout acheté… dans des stations-service. Résultat : c’est chez les enfants que l’obésité morbide fait le plus de ravage. Ça promet. Le scénario est couru d’avance : du grignotage au triple pontage.

    Une overdose de sucre

    « Nous pourrions bien nous apercevoir un jour que les aliments en conserve sont des armes bien plus meurtrières que les mitrailleuses », disait George Orwell dans Le Quai de Wigan. Il ne croyait pas si bien dire. Le  néolibéralisme a fait le choix de sacrifier les populations, non pas en les exterminant comme Staline ou Mao, mais en les gavant d’aliments ultratransformés à la qualité nutritionnelle quasi nulle et à la densité calorique exponentielle – sauf… sauf que ce sont des « calories vides », caractéristiques de la « junk food », la malbouffe.

    En 1976, un jeune chercheur, Anthony Sclafani, a ajouté une poignée de Fruit Loops, une céréale bien dégueulasse mais fortement sucrée, dans la cage d’un rat de laboratoire. Le rongeur s’est jeté dessus à la vitesse de Speedy Gonzales sans s’assurer s’il y avait danger ou non. Sclafani venait de découvrir par inadvertance les processus d’addiction agro-industriels. Il renouvela l’expérience avec toutes sortes de cochonneries trafiquées, glucosées et parfumées. À chaque fois, les rats fonçaient imprudemment, à rebours de la prudence inscrite dans leur comportement évolutif. En quelques semaines, ils s’installaient dans l’obésité. Les rats, aujourd’hui, c’est nous.

    Manger tue !

    Quelque temps plus tôt, à la croisée des années 60 et 70, une révolution silencieuse s’est produite. L’épidémie d’accidents cardiaques – la grande faucheuse des Trente Glorieuses, avec les accidents de la route – a poussé nutritionnistes, médecins, politiques à délaisser les régimes carnés riches en graisse animale, pour privilégier les glucides, céréales, féculents, pommes de terre, etc. Sans le savoir, on venait de passer des métamorphoses du gras, l’antique régime de la grosseur, aux métamorphoses du sucré, le nouveau régime de l’obésité. Les industriels ne se firent pas prier. Le sucre est bon marché, addictif et ne crée pas de sentiment de satiété puisqu’il annihile le signal de saturation que nous envoie le cerveau. Les géants de l’agrobusiness tenaient là une promesse de croissance infinie – jusqu’à l’AVC systémique. Conclusion en forme d’occlusion : l’obésité n’est que le résultat d’un modèle de développement devenu fou, privatisé au bénéfice d’une oligarchie. D’ailleurs il ne s’agit pas de pointer du doigt les obèses, mais d’observer dans leur corps martyrisé les stigmates du capitalisme terminal. Obésité de la population, boulimie des marchés financiers, hypertension boursière, bulle immobilière. C’est tout un système menacé d’infarctus, de perforations intestinales, d’apocalypse diabétique de type 2. Désormais, oui, manger tue !

    François Bousquet (Éléments, 24 mai 2020)

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